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L'offrande d'un premier disque c'est comme l'offrande d'un premier baiser. Un souvenir inoubliable. Malgré quelques fausses notes, ce qui comptait avant tout c'était la beauté du geste, de cette première fois avec un être aimé ou un artiste adoré. Un baiser ou un disque, ça s'équivaut : bien-être immédiat, moral qui monte en flèche, poussée soudaine de petites ailes dans le dos et envie démesurée d'agrandir sa collection de disques ou de baisers. Or à l'heure du « consommons à la va-vite », les premières fois exquises n'ont hélas plus leur place...

 

Avec le temps va tout s'en va, chantait l'autre sur un vinyle tout rayé. Les collections de disques ont été remplacées par les CD aux allures glacées, puis le CD à son tour a cédé sa place à des bibliothèques virtuelles. De la chaîne Hifi à la bibliothèque iTunes, avantages et inconvénients d'une culture musicale en mouvement. En l'espace de trois décennies seulement, supports et amateurs ont changé, modifiant inévitablement avec eux le noble métier de disquaire. Ces derniers ont déserté peu à peu nos rues tandis que la médiocrité musicale et l'incompétence des nouveaux vendeurs s'installaient un peu partout. Espèce menacée le disquaire ? Selon le CALIF (Club Action des Labels Indépendants Français) en moins de 20 ans près de 90% des magasins indépendants auraient disparu essentiellement au profit des rayons de disques dans les grandes surfaces. Le « business model » a volé la place du modèle des passionnés, celui de disquaires émérites à la culture musicale impressionnante dont le métier n'était pas de vendre mais de  répandre une passion pour la musique et un amour de l'objet qu'est le disque.

 

MaBenz

Premier vinyle, premier amour : Suprême NTM, Ma Benz (1998)

 

D'irréductibles disquaires résistent encore et toujours au « business model ». Leur politique est simple : le disque est un bien mais il refuse en bloc le titre de bien de consommation. Aussi en 2002, le CALIF (Club Action des Labels Indépendants Français) a vu le jour avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication. Leur mission : maintenir et développer un réseau de disquaires indépendants et de points de vente qui soit en mesure de relayer une offre plurielle au public. Le 16 avril, pour promouvoir leur travail, ils organisent une petite fête qui risque de faire grand bruit : Le Disquaire Day. Première en France, cette fête est dignement fêtée depuis 2007 aux Etats-Unis et en Angleterre avec la Record Store Day. Au programme : une fête à la maison du disque (la boutique du disquaire) avec des friandises exclusives signées (entre autres) Charlotte Gainsbourg, Benjamin Biolay, Justice, Moriarty, Sonic Youth, Gorillaz, Bruce Springsteen, Angus & Julia Stone, AC/DC, The Rolling Stones... Des vinyles inédits, des collectors en édition limitée et des animations dans les boutiques des disquaires participants. Un beau moment en perspective pour les amoureux des jolies choses musicales. Une chouette occasion pour refaire sa collection et pour en discuter. Une événement parfait pour se refiler « la fièvre acheteuse » du vinyle et abandonner le peu d'amour et de chaleur du format MP3 en préférant l'œil unique d'un disquaire chaleureux.

 

Et le soir de ce Disquaire Day, nul doute, qu'on entreposera la précieuse trouvaille sur la platine qui date de Mathusalem. Toujours la même odeur, le même crépitement au début du morceau, puis ce sentiment à la fois si familier et pourtant tellement unique d'avoir trouvé la perle rare, d'assister à un nouvel émoi, un futur souvenir aussi précieux que l'offrande d'un premier vinyle.

 

Toutes les infos sur Le Disquaire Day : http://www.disquaireday.fr/calif.fr/Accueil.html

 

Melody

Vinyle le plus précieux, grand amour : Serge Gainsbourg, Histoire de Melody Nelson (1971)

Tag(s) : #Musique
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