« Putain, Putain c'est vachement bien »

  Alors qu'une nouvelle vague de grand froid surgit pour nous geler sur place, une vague revigorante de vintage vient nous sauver d'un morose hiver et nous réchauffer par la même occasion les oreilles et le corps tout entier. Orchestrée par les aventuriers du groupe français Nouvelle Vague, Marc Collin et Olivier Libaux, cette vague musicale, qui vous collera sans aucun doute à la peau, se nomme Couleurs sur Paris. Mais attention, il ne faut pas se méprendre si l’album est, comme son nom l’indique, très très frenchie et plutôt ultra-parisien et ultra-branché, les pépites musicales qu'il enferme cultivent avec talent l'éclectisme de la chanson française et des rythmes universels qu'elle aime tant côtoyer.

En 2004, Marc Collin et Olivier Libaux empruntaient un nom célèbre de l'histoire culturelle hexagonale pour baptiser leur collaboration. « Nouvelle Vague » tel sera le nom du projet ambitieux des deux hommes. La musique est une réinvention constante, comme le cinéma au temps des aventuriers Truffaut et Godard. De plusieurs combinaisons astucieuses (Nouvelle Vague, New Wave et Bossa Nova), le collectif va créer sa propre langue. Alliance langoureuse de l'élégance de la Bossa Nova, de la désinvolture de la New Wave et surtout du charme mélancolique de la Nouvelle Vague.

Le vintage a la cote ? Nouvelle Vague surfe sur la tendance ! Pendant que certains fouillent les fripes à la recherche de la perle vestimentaire, Nouvelle Vague fouille sa Cdthèque à la recherche d'un temps disparu, de classiques ou de chansons oubliées des années 80. Une fois dans la platine, la chansonnette se met en marche « relecture originale » dans la tête des mélomanes. Le résultat : un cocktail apaisant de chansonnettes collées bout à bout. Tantôt sexy, tantôt mélancoliques, ces titres (que l'on aime ou pas dans leur version originale) vous transportent en un rien de temps direction le soleil, la légèreté et la douceur de vivre.

Une nouvelle fois, Nouvelle Vague réinvente la reprise.Couleurs sur Paris jette un nouveau éclairage sur la période musicale des années 80 sur laquelle, avouons-le, nous jetons un regard assez ingrat. Heureusement les interprètes féminines, invitées par Nouvelle Vague, maîtrisent avec tact l'art de la cover et nous font redécouvrir avec gourmandise des classiques et des tubes anciennement négligées. Le disque à peine débuté on se retrouve en deux,trois notes transportés en « Weekend à Rome » avec l'envoûtante fraîcheur de Vanessa Paradis. Un « week-end rital » piqué à Étienne Daho qui brille par sa délicieuse sensualité. Entre temps, la voix coquine d'Helena Noguera, accompagné par Louis-Ronan Choisy, nous emmènera traîner du côté d'Indochine, avec un libre et inspiré « Aventurier », un Bob Morane chic et désinvolte sur lequel on se surprendra à esquisser quelques pas de danse. Idem pour l'interprétation spontanée de l'excellente Camille qui nous énumérera les mérites de l'identité européenne sur un original « Putain, Putain »... « C'est vachement bien, nous sommes quand même tous des européens ». Vachement bien également, l'inattendue reprise du tube de Jad Wio : « Ophélie ». Comme en l'année 1989, date de sortie du titre, il faut éloigner les enfants du poste de radio où la chanteuse Yelle offre une interprétation très baroque de ce titre aux paroles décadentes. Olivia Ruiz sera aussi du voyage où elle cultivera avec bonheur ses origines espagnoles avec une reprise, lente et habitée, de la cultissime Mano Negra : « Mala Vida ». « Et les hommes dans tout ça? » me direz-vous ? Pas d'inquiétudes, ils sont aussi du voyage, même s'ils luttent activement pour tirer leur épingle du jeu face à cette multitudes d'artistes féminines à la sensualité exacerbée. On accordera une mention particulière à l'inégalable Julien Doré, qui sait si bien jouer de son côté féminin avec l'apaisant : « Anne cherchait l'amour »; et à Hugh Coltman pour son interprétation flegmatique d' « Amoureux solitaires ».

« Et toi, dis-moi que tu m'aimes » chantait la comptine de Lio reprise par Hugh Coltman, c'est sans hésitation que l'on répond que l'on aime indéfiniment cet album où l'art de la cover made in Nouvelle Vague éclate par son éclectisme, et brille par le charme de ses rythmes chauds venues d'Amérique latine. L'arrivée de Couleurs sur Paris dans les bacs, injectera à coup sûr un air de romance, de beauté et de plaisir dans l'austérité de l'hiver. Les artistes présents sur ce nouvel opus de Nouvelle Vague ont produit une escale parfaite dans des horizons lointains parfois méconnus. Un voyage charmant, chimérique et sensuel au règne de la cover.

Ecoutez Couleurs sur Paris de Nouvelle Vague sur Deezer