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Votre rêve le plus fou est de prendre une tasse de thé avec l'héroïne suprême de Sir Lewis Carroll, celle aux grandes chaussettes blanches? Ne cherchez plus à vivre ce rêve éveillé dans un pays aux merveilles burtonien (et en 3D), choisissez plutôt un pays des merveilles musical. Celui dessiné par les sonorités neuves mais estampillées XXIe d'Ödland, petit groupe lyonnais conçu par cinq personnages sortis tout droit des pages jaunies d'un vieux manuscrit de Lewis Carroll. Leurs noms? Lorenzo Papace, Alizée Bingöllü, Léa Bingöllü, Isabelle Royet-Journoud et Alice Tahon. Tous ces délicieux personnages ont participé à la construction d'un monde extraordinaire, un premier album à contre-temps nommé Ottocento, joyeux bric-à-brac où viennent s'entasser des vieux objets et des voix enfantines.


Ottocento excelle dans l'art du contre-courant. À l'heure de la modernité et de l'ère du tout numérique, ce premier disque s'écoute précieusement comme on écouterait une vielle petite merveille dénichée dans le grenier de nos arrières-grands parents. Mais avant de s'écouter sur un tourne-disque ancestral, Ottocento se lit. Véritable conte (musical), il se lit tard dans la nuit, sous les draps de préférence, dans une vieille maison hantée où sur les murs d'une chambre se coucheraient, la nuit tombée, les ombres des personnages d'Alice au pays des merveilles. Vous l'aurez compris, Ödland ne vit pas dans une bien triste époque qui, constamment pressée par le temps, en aurait oublié de rêver la nuit. Non, chez Ödland on rêve tout le temps et de préférence éveillé. L'imagination est reine de cette contrée sauvage où l'on chine les chants enfantins et les vieux objets prompts à faire naître des bruitages amusants.

 

Odland

Fantasmée par l'imaginaire décalé de Lorenzo Papace, Ottocento navigue au travers des différents mouvements d'un siècle haut en couleur. Entre révolution industrielle et romantisme poétique, à la frontière du rire et du grand n'importe quoi, ce disque laisse vagabonder notre boîte crânienne. Accompagnée par la voix enfantine et aigu d'Alizée Bingöllü, petit rossignol tantôt attendrissant tantôt angoissant, Lorenzo Papace aligne les notes sur un vieux piano (qui n'est pas sans rappeler ceux des débuts du cinéma muet) tandis que Léa Bingöllü au violon et Isabelle Royet-Journoud au ukelélé s'amusent à apporter une touche de ragtime au sein de ce pittoresque paysage musical et littéraire.


Disque fait (à la) maison, Ottocento est une joyeuse brocante faites de pièces rapportées et en tous genres. Épatante madeleine de Proust, espiègle petite boîte à musique toute cabossée, on y joue à contre-temps des histoires à dormir debout : une tasse de thé avec le Chapelier fou (« Un thé chez les fous »), une jeune fille piétinée lors d'un bal (« Mathilde Rossignol »), l'invention de la photographie (« Halogénures d'Argent »)... Né d'une imagination démesurée, la douce ritournelle d'Ödland est une jolie expérience. Une redécouverte de l'œuvre majeure de Lewis Carroll, des temps fabuleux du XIXe mais aussi de la fantaisie à l'état pur. Ottocento se vit comme un doux rêve éveillé dont on n'aimerait ne jamais voir arriver la fin.

 

Clip de "The Queen of Hearts" réalisé par Vincent Pianina & Lorenzo Papace


 

 

 

 

 


Tag(s) : #Musique
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