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Je ne vous ai pas présenté ma nouvelle copine. Honte à moi!
Elle s'appelle Causette et ça fait maintenant des lustres que je la cherchais. Quand je l'ai enfin trouvé, il y a peu sous le ciel bleu des vacances, ça a été le coup de foudre. Causette était bien cachée à l'abri des regards, ces regards qui ont tendance à préférer les tailles mannequins des magazines féminins traditionnels. Oui, ma copine est un magazine féminin! Enfin moi, personnellement, je préfère dire qu'elle est un « magazine féministe » c'est-à-dire un magazine dont la cause (qui est loin d'être perdue!) est la revalorisation du rôle des femmes dans la société. Causette se veut donc être une lecture bimensuelle pour nous les femmes... toutes les femmes.
En regardant Causette droit dans les yeux, pour la première fois, j'ai tout d'abord pensé à l'ouverture fracassante de Virginie Despentes dans son mythique King Kong Theorie. Elle y disait écrire « pour les moches, les frigides, les mal-baisées, toutes les exclues du marché à la bonne meuf ». À cet instant précis, je me suis dit que Causette allait faire de même tout en étant capable de faire plus. Elle allait écrire pour nous toutes, camarades du Deuxième Sexe!
Quand j'ai ramené ma nouvelle copine à la maison, j'ai joué les sales gamines en laissant trainer insidieusement sur la table ma Causette pour voir la réaction des trois générations de femmes qui tentaient de cohabiter, tant bien que mal, sous ce toit pour les vacances. La vieille génération, celle de mamie fait de la résistance, a jeté un regard méprisant sur Causette du style : « Elle a pas mieux à faire qu'à lire des stupidités pareils! Il y a la vaisselle et le repassage qui attendent! ». La génération soixante-huitarde, celle de maman et ses rêves de monde meilleur, s'est arrêtée sur Causette pour la feuilleter un court instant, le simple instant de se dire : « Ah, si seulement j'avais un peu plus de temps pour lire. Mais non, le devoir familial m'appelle! ». La dernière génération, celle de la frangine et du « vas-y que j'accroche des photos de Kate Moss dénudée sur les murs de ma chambre de sale ado », s'est empressée de saisir Causette pour finalement me balancer un sceptique: « C'est qui cette nana en une?! Elle est grosse et elle est même pas connue». À cet instant précis, je me suis retrouvée prise au piège de ma propre manipulation. Je n'avais plus que trois solutions : toucher le fond de la piscine sans mon petit pull marine et me laisser sombrer, me pendre avec mon soutien-gorge préféré ou alors les assommer toutes les trois avec un ouvrage de Simone de Beauvoir. Par manque de courage ou lassitude de toujours avoir raison, j'ai préféré me taire et me réfugier dans les pages de Causette en me disant qu'on a beau être né dans une famille de féministes convaincues, on en est pas moi un éternel Deuxième Sexe au quotidien.
Ma copine Causette, elle aime à répéter qu'elle est « Plus Féminine du cerveau que du capiton ». Elle en a même fait sa devise. Une devise qui marche vu le nombre croissant de ses lectrices. Des lectrices qui aiment à signaler leur bonheur de voir Causette en kiosque. Car c'est Causette qui nous fait acheter Causette. C'est pas le cul d'Emmanuelle Béart, la technique de drague de machine ou les bons plans modes de bidule! C'est Causette et son ton léger-sérieux qui nous fait débourser 4.90 euros tous les deux mois pour la bonne cause. C'est Causette qui nous fait du bien parce qu'elle cause, et elle cause encore comme une vraie fille, sans tabou, sans piège, sans lassitude. Elle ne nous accuse pas (ni ne nous conseille d'ailleurs) d'être belle ou moche, tout ce qui lui importe Causette c'est que l'on referme ses 98 pages au ton décalé avec la ferme conviction que nous « Femmes de tous les âges, de toutes les catégories sociales, de tous les poids et de toutes les tailles, nous ne sommes pas des quiches! ».
Le « On est pas des quiches! » cri de détresse et de révolution de la demoiselle Causette, il est salvateur dans une société où la femme est bien souvent cantonnée à son éternel second rôle. Le second rôle toujours expert à gober les publicités photoshopées à l'extrême, à multiplier les tâches ménagères, à nettoyer les fesses du petit dernier et à être à la pointe de la mode. Causette, au départ elle est certainement victime de tout ça comme une bonne vieille héroïne de ce bon vieux Victor Hugo, mais Causette elle va se battre avec ces clichés écrasants, tout en restant classe et impertinente! Elle est pas castratrice, non, rassurez vous! Elle ne haït point les hommes (elle a été créée par un homme, c'est pour vous dire!) et elle fait même des portraits superbes d'hommes qui le méritent (si, si ça arrive dès fois!). Causette elle est juste et digne parce qu'elle répond aux attentes de certaines femmes modernes qui ont parfois, voire souvent, envie d'être plus féminine du cerveau que de capiton. Celles-là même qui trouvent un malin plaisir à refaire le monde, à causer politique plutôt que people, à discuter autour d'un grand reportage plutôt qu'un shooting mode. Causette elle s'affirme aux antipodes de la femme-objet qui afflue sur les papiers et les écrans. Belle et rebelle, Causette est jolie à regarder autant qu'à lire. Espiègle et libérée, Causette affiche volontiers des seins en une mais des non-retouchés. Culturelle et politique, Causette est l'astuce parfaite pour garder les pieds ancrés dans la réalité. La vraie. La nôtre.
Causette elle nous réconcilie avec nous même, nos contradictions permanentes et nos complexes compliquées de femme. Elle fait du bien au cœur et souvent à la tête. Elle a du culot, comme nous toutes devrions en avoir plus souvent. Le culot simple et bête de dire quand il le faut (c'est-à-dire 100 fois par jour) : On est pas des quiches! Merde!
Pour les intéressés du premier ou du deuxième sexe, Causette est par ici et aussi dans tous les (bons) kiosques à journaux!
Sur ce, comme dirait Virginie Despentes, « Salut les filles, et meilleur route! »