J'aime pas dire "Bonne Année"!

Après deux semaines de relâchement amplement mérité, il serait peut être temps de se remettre activement au travail. De recommencer à ouvrir grands les yeux ici et là. Observer. Critiquer. Écrire tout simplement. C'est presque dur de reprendre la plume... le clavier. C'est étrange de constater à quel point la vie s'arrête pendant ces deux semaines enfantines que sont celles de fin décembre. C'est comme-ci la terre s'arrêtait de tourner pour Noël. Comme si les soucis n'avaient été qu'un mauvais rêve. Comme si le bonheur était à portée de main. Envoler la crise, la Grippe A, le chômage, l'identité nationale et même les ennuis de santé de Johnny Halliday. Fantastique! En plus de nous pourrir de cadeaux nullement mérités, la plupart du temps, le Père Noël possède le pouvoir magique de stopper les malheurs du monde. Merveilleux! C'est comme si chaque foyer, le 24 décembre au soir, claquait la porte avec délivrance et laissait traîner sur celle-ci avec malice le message suivant : « Trêve de Noël : foutez nous la paix! ». Pendant ces quelques jours de paix imaginaire, le gentil Éric Besson ne renvoie aucun méchant immigré dans un pays en guerre, la télévision prévoit des programmes d'une extrême intelligence pour les bambins et les ménages, à peine terminer les achats de Noël, se ruinent pour les achats du Premier de l'an. Elle est pas belle la vie?

Hélas, la magie de Noël a une date de péremption. Oui, elle prend fin au moment même où vous passez la date fatidique du 1er janvier. À l'instant même où assis dans un canapé totalement inconnu jusqu'ici, vous avez le regard fixé à la pendule juste en face de vous. Elle indique 23H59. Le ventre barbouillé par les huîtres, le vin blanc et les cocktails étranges de la soirée que vous avez ingurgité avec plaisir, vous vous dites que l'année prochaine vous abuserez  sûrement moins des bonnes choses. Vous vous dites également que dans une seule minute, le rêve se terminera et la trêve avec. À cet instant précis, tout le monde chante et danse à en perdre haleine, et vous, vous êtes le (ou la) seul(e) à penser que toute cette frénésie est soudainement complètement absurde. Puisque dans une minute rien aura changé, juste la date. Dans une minute, la vie reprendra son cours. D'ici quelques heures, la Grippe A reviendra sur les devants de la scène, l'étrange Monsieur Besson ressortira son vieux débat sur l'identité nationale, les ménages n'auront plus un rond pour faire les soldes et autres mauvaises nouvelles en tous genres, qui me font doucement rigoler, referont surface dans nos existences obsolètes. La vie est un brouillon finalement. Bonne année, bonnes résolutions, bonheur, amour, santé et toutes la ribambelles de souhaits bidons. Foutaise totale. Cette année vous recommencerez les mêmes erreurs que les années passées. Cette année, la majorité des citoyens de ce pays vont continuer à galérer et certains même à survivre. Cette année ne sera juste qu'une année de plus dans nos modestes vies. Pas de pessimisme, juste de la lucidité extrême. Une lucidité amusante.

Je ne vous quitterez point sur le traditionnel et médiocre « Bonne année ». Je hais les bonnes manières. Alors pour terminer ce premier post de 2010 (qui avouons le sonne mieux que 2009!) je vous donnerai quelques conseils essentiels pour réussir les 12 mois à venir. Mais attention n'oubliez jamais que d'une façon ou d'une autre, 2010 sera, comme les années passées, peuplées de mauvais moments et d'oasis de bonheur. La routine en somme. Toutefois, si je devais faire un effort surhumain pour faire mes vœux, je reprendrais l'accroche du plus beau film de l'année passée. « Vivez libre » disait-il. Oui, vivez libre. Ne vous aliénez à rien, ni à personne. Vivez à en perdre haleine. Pour vous et contre tous. Vivez les yeux grands ouverts.