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Un concert d'Izia ça ne se refuse pas. Aussi quand le Blog des Francos, toujours à la pointe des talents d'hier, d'aujourd'hui et de demain m'a proposé de voir en live celle qui me fascine à chaque prestation télévisuelle, je me suis dit : « Toi qui penses sérieusement que le rock c'était mieux avant & que tu es née trop tard & toutes tes satanées diatribes sur le bon vieux temps du rock'n'roll confrontes toi un peu à une réalité qui n'est pas si mauvaise que ça. » Conséquence ? So much troublée.

Musique 0061« Tu penses à quoi si je te dis Izia ? » Moi, instantanément, je pense à l'énergie dont cette nana me faitcadeau depuis trois ans à chaque fois que mon Ipod diffuse à puissance mille dans mes oreilles son incroyable « Let Me Alone » échappé d'un premier album tonitruant. Débarque ensuite une foule de mots lus ici et là pour la qualifier. Rock'n'roll, fougueuse, allumée, fille de, Janis Joplin, volcanique, impulsive... Bref, une personnalité qui tranche avec une certaine scène française parfois (hélas) trop sage.  

La sagesse ? Izia elle ne la connaît pas. Quelques chanceux auront pu le remarquer lundi 19 mars, à 21h, sur la scène du Studio SFR. Pour la seconde fois, la jeune artiste avait carte blanche sur cette petite scène nichée en plein cœur de la capitale. Et ils étaient nombreux à attendre cette nouvelle prestation. De 7 à 77 ans, fans de la première heure ou simple curieux, la salle, ce soir-là, a pris un visage inattendu. Celui d'un amour profond pour la musique. Peu importe l'âge et les goûts. Seule importe la sensation procurée.  

Naturellement brillante 

Une fille qui fait sensation. C'est ainsi que Izia nous apparaît quand elle débarque sur scène perchée sur ses fidèles talons hauts. Veste en plume et slim en cuir noir, la belle semble cultiver le culte d'une personnalité rock. Jusqu'au bout de ses ongles verts. Sereine, elle exhibe pourtant un air réservé. Un titre plus tard, cet air s'envolera pour laisser place au charme premier de la jeune fille : le naturel. 

Dans les deux billes châtaigne d'Izia brille l'espièglerie. Air de famille scénique et incontestable avec papa Higelin. Rusée,  Izia fait preuve de malice en choisissant comme premier morceau de la soirée l'irrésistible « That Night ». Les riffs divinement nonchalants de ce titre lascif déroutent un public déjà acquis à sa cause. Le résultat ? Une salle entière victime d'un ensorcellement.  Suspendue aux lèvres d'une rockeuse qui  excelle dans l'art de la turbulence gracieuse. « I'll take your hand the whole night through » chante-t-elle. C'est ce qu'elle fera toute la soirée. Nous prendre la main et nous emmener avec elle dans un univers rock, sensible & mature.

Musique 0055

La maturité, cette fille a dû la gagner en écumant les salles de concerts avec sa famille de musiciens. D'entrée de jeu, elle réclame à son public une ambiance digne de ce nom. La salle a beau être petite, le rendez-vous est grand « On se met dans l'ambiance, on s'imagine dans une vraie salle de concert, blague t-elle avec son public. On imagine l'odeur de la bière et on y est ! ». La bière ne fait pas ici partie du décor mais on y est quand même grâce à son impeccable enchaînement de tueries rock brutales & efficaces. « I Hate You », « She », « On Top Of The World » : le rock d'Izia est encore meilleur en live que sur la platine. Il évoque le bon vieux temps du rock'n'roll. De ses idoles mythiques et fatalement maudites. De ses images en noir & blanc empruntées à l'imaginaire collectif du rock. Il y a du « Come on baby, light my fire » chez la demoiselle en fleur. Et du blues dramatique à la Janis aussi.

Putain, putain c’est vachement bien

Trêve de comparaisons éloquentes et pourtant inévitables. Cessons de rêvasser aux idoles de jadis quand l'idole de demain s'agite sous nos yeux ébahis. La fièvre a maintenant gagné toute la salle. Izia y est certainement pour quelque chose. « Kiffe un peu ta race, danse un peu ! » lance t-elle à un public complice. Elle, elle danse. Se contrefout d'une scène restreinte. S'empare du lieu. Vogue d'un bout à l'autre de la scène. L'économie ne fait pas partie de son vocabulaire. Au premier rang, photographes et fans tentent en vain de capter cette silhouette éruptive qui ondule son corps dans tous les sens. Chope sa Fender. Assène les notes fracassantes de son tube « So Much Trouble » sur un piano rouge. Frappe tambourin et tambour. L'effervescence est à son comble quand sa voix rugueuse frôle l'érotisme d'un « baby » digne des grands noms du rock. Son « Baby » ravageur fera plus d'un jaloux. La jolie frimousse d'Izia ne peut s'empêcher d’ailleurs de ponctuer ses chants de réparties drôles et un brin lubrique pour faire grimper la température du lieu… et provoquer jalousie & envie chez les internautes et les auditeurs restés ce soir-là chez eux(la soirée était retransmise en direct grâce à SFR Live Concerts).

Musique 0066Oui, nous étions des petits veinards. Les privilégiés d’un show impeccable. La rockeuse a plus d'un tour dans son sac. Pour ceux (comme moi) qui ne sont pas allés plus loin que les morceaux (et tubes) tapageurs (qui font grand bien au moral), sachez que la jeune Izia a mûri. Pardonnez-moi d’avance l’utilisation de ce verbe bidon employé à tort et à travers pour parler « d'album de la maturité ». Izia est bel et bien restée cette enfant du rock si précieuse qui lâche à tout va des inégalables « putain, putain » à chaque phrase. Ces mélodies, elles, tout aussi précieuses ont su grandir. Rock et punchy, So Much Trouble recèle ainsi de moments sensibles. Instants exquis qu'Izia avait déjà laissé entrevoir sur son précédent album avec le touchant « Sugar Kane ». Le concert touche bientôt à sa fin, et Izia met de côté sa douce folie pour des titres à la beauté « troublante ». « Your Love Is A Gift », « Penicilline » ou la frénésie pop de « Twenty Times a day » confirment le talent d'une jeune fille qui n'a absolument rien à envier aux grands du rock. Le tour de chant est définitivement terminé. Derrière moi, une dame plutôt âgée (si, si je vous jure)  semble convaincue par le talent de « la fille de ». Elle glisse à son mari comme si elle en avait douté avant de mettre les pieds dans cette salle : « Elle a une jolie voix, hein ?». Son mari confirme. Et intérieurement, je me dis : « putain, tu m'étonnes !».

C'est peut-être ça avant tout Izia. Une chanteuse à voix qui fait du bien au rock français. Une voix bouleversante acapella, un style so much rock'n'roll, une franchise assumée. À la fin du concert, je réalise que tout ce que j'avais lu sur elle, Izia l'a confirmé en live. Cette fille-là est rock'n'roll, fougueuse, allumée, fille de (incontestablement), Janis Joplin dans l'âme, volcanique, impulsive. J'ajouterai incroyablement naturelle, souriante, amusante, généreuse avec son public comme avec ses musiciens. Une rockeuse haute comme trois pommes taillée pour le rock, le vrai, celui qui sait si justement se faire survolté et complètement émouvant l'instant suivant. Une fille électrique comme on en fait trop peu de nos jours.

 

Merci aux  Francofolies  pour ce joli concert.

Et n'hésitez pas à jeter un oeil sur La prog des Francofolies (avec Izia le 14 juillet !)

Tag(s) : #Musique
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