I Will Survive

C'est le jour-J. Je voudrais enfiler mon maillot de Zidane mais j'ai peur de paraître un peu hors-sujet. Il est mort Zizou. Ce foot-là est mort. Disparu, envolé avec mes 11 ans. Encore vivant dans des albums Panini et des vieux numéros de L'Équipe, mais bel et bien mort sur le terrain. Faut se faire à l'idée. Que voulez-vous, c'est comme ça. Comme le reste. Le foot, l'amour, la famille, les amis même parfois, la vie globalement est décevante ou n'est du moins pas celle à laquelle on rêvait à 11 ans. Ces 11 ans et ce deux titres acheté 30 Francs, aux couleurs de l'Équipe de France. Le CD deux titres de « I Will Survive » aujourd'hui, il a la même tronche que l'idée qu'on se fait de la vie. Cabossée, rayée, abimée mais on s'en fout, du moment qu'on l'a encore, qu'il entre encore sur la platine et que la vie continue à tourner.

Alors pour ce qui va se passer-là, sous nos yeux de citoyens du monde, ça va être exactement pareil. Comme la vie, comme le disque : on va y survivre. Oui, on va y survivre parce que même si on joue les prétentieux à chaque instant en multipliant les « Oh tu as vu les femmes des joueurs qui se font payer le voyage par la FFF?! Et les Bleus et leur hôtel de luxe?!» et même si on fredonne avec un plaisir non dissimulé  le « Putix » d'Action Discrète, on sait très bien, qu'au final, on va se prendre au jeu. Pas le jeu que l'on dénonce à tout va dans les médias ces derniers mois, non. Pas le jeu de gros sous, de magouilles, de luxe et de prostituées aussi. Non, l'autre jeu. Le jeu sur le terrain, dans les tribunes, dans les bars, dans les salons. Le jeu qui dure 90 minutes. 90 minutes où l'on s'envole pour un autre monde aux fausses promesses puisqu'il ne dure que 90 minutes. La portée du football est éphémère. L'alliance parfaite de 11 joueurs sur le gazon est éphémère. Les beaux discours sur l'Afrique du Sud comme pays d'accueil symbolique sont aussi éphémères. Personne n'est dupe. Hélas, personne ne bougera le petit doigt non plus, parce que l'existence est ainsi faite. Des grands et beaux spectacles pour dissimuler les drames et détresses du tiers-monde, et du monde tout entier. « Le sport est une réponse à la crise » comme dirait un petit sportif. Il n'avait pas tout à fait tord pour une fois celui-là. Le football va être notre opium pendant quelques semaines. Il va nous endormir, voire même nous assagir pendant un temps, nous faire oublier qu'il n'y a pas plus grave que lui dans la vie. Et pour cela, je l'aime autant que je le déteste.