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Le dicton dit « En mai, fais ce qu'il te plaît ». Alors fatalement il fallait honorer le dicton. Déambuler dans Paris un 1 er mai. Comme pour respecter à la lettre une vieille consigne familiale. Chausser les bonnes chaussures et charger l'Ipod des sons adéquats pour la marche de l'année. Généralement dans ces moments-là, la hargne de Joey te fait pousser des ailes. Ce matin-là, en direction du Louvre, elle te les a plutôt violemment arrachées. Rivoli était déserte. Cadenassée par des CRS. Envahie par des drapeaux bleu-blanc-rouge. S'avancer c'était appuyer un peu plus là où ça fait mal. S'avancer c'était se prouver que la menace était bien réelle que les 18 % de Marine n'était pas qu'un leurre, une colère bien française ou un puissant ras-le-bol. Non, au bout de la rue, s'agitaient les femmes et hommes de la Marine. Des femmes et hommes qui adhéraient aux idées bleu Marine. Le mal était fait. Le regard un peu embué. Il était temps de changer de rive avant que la nausée surgisse. Avant l'autre rive. La plus belle (avis strictement personnel). Il fallait traverser le Pont du Carrousel et son hommage discret livré chaque année, à la même date pour Brahim Bouarram. Ce jeune Marocain de 29 ans tué en 1995. Jeté dans la Seine par des skinhead venus manifester en marge du traditionnel rassemblement du papa à Marine pour Jeanne d'Arc. 17 ans après, une simple plaque posée sur le mur signale le drame. Le ciel est d'un bleu indécent. Le discours d'une émotion rare dont certains feraient bien de s'en inspirer. Ils sont quelques uns à écouter attentivement, à applaudir, à être venus dire qu'ils n'avaient pas oublier les actes et paroles d'un autre Front. Jamais très loin du nouveau. Toujours partante pour se faire du mal : je compare la foule entre ici et là-bas. La nausée n'est pas loin. Il est temps de prendre la fuite. Direction Denfer. Pour l'après-midi, Denfer s'est métamorphosé en paradis du syndicaliste, du vrai travailleur, de tous les oubliés, mécontents, victimes des quelques années écoulées. Dans le métro, ça chante drapeau rouge à la main. Un jour il faudra dire aux syndicalistes de penser à renouveler leur répertoire. Terminus Denfer. Tout le monde descend. C'est comme le scrabble. De 7 à 77 ans. C'est comme la France. De toute les couleurs. Quand le peuple de France est dans la rue, il n'y est pas à moitié. Il se marche dessus dans la bonne humeur. Il râle un peu. Parce que deux heures debout sans bouger d'un centimètre sous le soleil, ça fait ressortir son côté râleur. Puis quand il réalise que s'il ne bouge pas c'est de la faute à un cortège sans fin, à une manifestation de grande envergure, il se calme. Cesse de souffler et sourit béatement en réalisant qu'en fait ces français ne sont pas tous des cons. Comme il a pu le penser il y a deux semaines. Comme il a pu le penser si souvent. Bien au contraire, des êtres capables de prendre leur destin en main quand il en est encore temps. Le soleil brille pour tout le monde cet après-midi-là. Le cortège est sans fin. Tant mieux. Les pancartes et banderoles délicieusement sarcastiques. Les sourires rayonnants. Le cœur plutôt engagé à bâbord. Et la rengaine traditionnelle du 1er mai toujours et encore au rendez-vous : Zebda chante « Le Chant des Partisans ». Moralité de la journée : c'est toujours bon de ne faire que ce qui nous plaît...


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Tag(s) : #Chroniques de l'asphalte
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