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C'était un instant tellement hors du temps, qu'il me fallait bien en faire le récit ici. Tenter de capturer ce « temps qui ronge la vie » comme l'écrivait Baudelaire en son temps. Pour un instant hors du temps, il fallait une demeure d'un autre siècle. Celle du peintre hollandais Ary Scheffe qui s'installa au n°16 de la rue Chaptal, à deux pas du métro Pigalle, en 1830. Cette sublime demeure aux volets verts, avec verrière d'artiste, abrite aujourd'hui Le Musée de la vie romantique – passage obligé pour tous ceux qui ont l'âme pour être sensible au parfait combo George Sand, velours rouge et atelier d'artiste. L'endroit est résolument à part. Comme si on l'avait « mis sur pause » depuis plusieurs siècles. Ce soir-là, il fut réveillé par des troubadours modernes emprunts de cette sensibilité qui fait défaut à l'époque.

 

Le temps d'une soirée, Baudelaire fut célébré dans ce lieu à contre-temps. Charles ce petit veinard avec ses Fleurs qui ont parcouru le monde, lui faisant le plus grand bien. Au Musée de la vie romantique, Baudelaire est célébré jusqu'au 29 janvier 2017. L'exposition qui est consacrée au poète a été imaginée comme un dialogue, entre les textes du jeune poète et les œuvres d'art de son époque qu'il a commenté. L'occasion pour beaucoup de découvrir Baudelaire critique d'art. Plaisir ou irritation esthétique, les artistes n'ont jamais laissé Baudelaire indifférent. Peintures, sculptures, estampes, l'exposition rassemble quelques merveilles de l'époque signées Delacroix ou Ingres. Des œuvres qui dessinent l'époque sur le point de se faire, ce nouveau Paris en proie à la modernité pour lequel Baudelaire à quelques réticences. Le temps d'une soirée, les visiteurs ont pu se fondre dans cet époque des ateliers d'artistes, des caricatures, de la plume esthétisante de Baudelaire puis dans la cour du Musée découvrir les textes du poète mis en musique par François&The Atlas Mountains dans le cadre de Paris Musée Off (le temps d'une soirée, un musée de la ville accueille des artistes qui crée une œuvre en résonance avec l'actualité du lieu). Le fameux instant hors du temps dont je parlais plus haut.

Francois&The Atlas Mountains réinterprètent Baudelaire

Dans la pénombre de la cour du musée, sur le pavé une petite troupe de spectateurs privilégiés par le temps les attend. Francois Mary (chanteur du groupe) et trois de ses comparses débarquent sur une petite scènes improvisées pour reprendre quelques uns des textes de Baudelaire. Des reprises avec la grâce et l'agilité qu'on leur connaît, lui connaît. L'agilité de créer un monde bien à eux, un ailleurs planant. L'agilité de faire sien les mots d'un autre, l'univers d'un autre. La puissance du spleen baudelairien sied à merveille à la douceur exsangue de Francois Mary et de ses boys. L'indolence y devient sublime, la douleur facile. Le trio a mis en musique une dizaine de textes réussissant l'exploit de nous donner envie de ré-ouvrir des livres de poésie. Car au fur et à mesure des textes revisités, c'est le temps des poésies apprises par cœur à l'école qui remonte. Un vague souvenir de Baudelaire, un autre de Gainsbourg reprenant Baudelaire, et l'envie de revoir ce temps oublié qui demandait de la concentration, du temps. En une heure, François&the Atlas Mountains fit rejaillir les fameux "luxe, calme et  volupté" si chers au poète. Ceux du poème l'invitation au voyage. François&the Atlas Mountains quittèrent la scène comme ils étaient arrivés. Avec une grande discrétion. Et on repartit avec le souvenir discret et précieux d'avoir vécu ce doux moment.

 

Tag(s) : #Musique, #Baudelaire, #François and the Atlas Moutains, #Musée de la vie romantique, #Paris
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