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Secret pour personne, je ne suis pas une adepte du bonheur. Plutôt un être à forte tendance mélancolique, adepte de la cynique attitude et du fameux précepte beigbedien « Le bonheur n'existe pas, l'amour est impossible, rien n'est grave » - enfin ça c'est surtout quand j'avais 21 ans un sale chagrin d'amour en tête et que je pensais naïvement que les préceptes stupides de L'Amour dure trois ans allait me suivre toute la vie. Bref quand j'étais sacrément conne. Depuis j'ai sacrément grandi. J'ai lu les plus belles pages de Musset, le chagrin d'amour n'est plus dans ma tête et Fred m'énerve. Mais la question du bonheur reste un mystère. Même si j'ai juste à écouter ces types avec leur son old school, tard dans les rues pavés du Marais, pour le frôler des tympans. Du coup, j'ai dû engueuler ma joie de vivre latente pour aller trouver des réponses ou une arnaque de plus dans une expo à la Gaïté Lyrique. Pour me mettre dans l'ambiance, j'ai écouté ce type so cool, so hype près de trois heures non stop et il sera la bande originale de ce billet – trop de billets ayant été écrits en écoutant des êtres de grandes qualités hélas pour mon équilibre intérieur à tendance prose dépressive (Benjamin et Vincent ont fait un break, ok ?)

 

« Cette expo ne vous rendra pas plus heureux ». D'entrée vous êtes prévenu sur la marchandise. Happy Show n'a rien à voir avec ces bouquins sur « l'équilibre intérieur » nécessaire pour votre survie extérieure qui vous promettent l'impossible. Le bonheur quoi. Les bouquins que les nanas s'arrachent après s'être fait larguées comme des merdes, alors qu'elle ferait mieux de se jetter sur une valeur sûre comme ce bon vieux Alfred de Musset, ces connasses. Premier précepte : « Avoir peu d'attentes est une bonne stratégie ». Je l'ai toujours dit. C'est pas pour ça que je n''arrive toujours pas à le mettre en pratique. Pas de bol, cette visite ne changera donc rien à mes angoisses. Mais surprise, elle pourrait bien me faire aimer une couleur ultra tendance que j'exècre au plus haut point, et vous aussi sûrement : le jaune. Tous les murs de la Gaité Lyrique sont jaunes. Et tous affichent des messages écrits au feutre noir avec quelques fautes touchantes de français ici et là.

Because i'm happy

Les fautes, on les doit à Stefan Sagmeister. Autrichien, new-yorkais d'origine, l'homme est designer, graphiste ou typographe, bref un artiste touche-à-tout. Le genre qu'on ne case pas facilement dans une case. Les cases étant tristes et peu inspirantes pour un homme qui affectionne particulièrement les émotions comme sources d'inspirations. Depuis des années – l'homme a 52 ans – il collectionne impressions, sensations et citations dans des carnets, des croquis, des listes, des journaux intimes qui le nourrissent pour son œuvre inclassable. Se sont toutes ces petites choses de la vie qui ont été mises en scène à la Gaîté Lyrique autour d'un thème insaisissable : le bonheur.

Because i'm happy

Les murs jaunes du lieu sont des pages blanches recouvertes de messages, aphorismes et pensées fugaces de Stefan Sagmeister lui-même ou d'un de ses proches. Des carnets intimes ouverts au grand public en quête de bonheur. On s'avance dans ce dédale de mots avec un étrange sourire aux lèvres, indécollable comme devant ces situations agréables. Pas grandioses juste bonnes pour le moral, ce truc en nous éternellement insatisfait. Au premier étage de l'exposition, il n'y a pas que les messages qui impose le sourire aux lèvres (second précepte : « se plaindre c'est idiot, mieux vaut agir ou oublier »). Il y a cette musique douce, cette sensation d'être acteur d'un film qu'on aime bien – pourquoi pensais-je à 500 days of Summer dans ce dédale de mots ? - puis quelques pas plus loin, il y a Lou. Le visage de Lou croqué par les mots et l'imagination de Stefan Sagmeister pour la pochette de « Set the Twilight Reeling ». Lou qui nous attend avec ces simples dates écrites en bas d'un mur (1942-2013). A cet instant, les couleurs du Velvet me revinrent en mémoire, jaune et noir. La banane.

Because i'm happy

A l'étage inférieur, avec des dessins amusants, Stefan Sagmeister cause sexe, argent, amour, travail et priorité en terme de bonheur. Les uns battent les autres. Et cela ne t'aide toujours pas à savoir où est ce foutu bonheur. Tu y apprends toutefois au cas où ta cervelle ne voudrait l'accepter que l'amour passion est bien plus fort que l'amour-union mais dure moins longtemps, six mois généralement, tu ne dois pas t'attendre à ce que les gens changent, tu dois éviter de te droguer, tu dois t'affirmer, oser le conflit et avoir du culot... Dis comme ça tu ne vois évidemment pas la différence avec tous ces bouquins arnaqueurs et pourtant là ça fonctionne, ça vaut ces deux heures dans un dédale jaune, à lire des textes hésitant entre naïveté et second degré mis en scène par des créations graphiques à base d'objets du quotidien, des paysages...

 

Deux heures le sourire aux lèvres, à lire, écouter, crayonner le bonheur, faire du vélo, manger du bubblegum (pour les plus chanceux il en restera). Une expo sans prétention, sans une once d'ennui et sans supporter les commentaires des arrogants parisiens qui tentent en vain de tout te raconter sur l'artiste que tu as sous les yeux bien fort de façon à étaler leur cultureeeeee. Là ce n'est pas l’œuvre d'un artiste, c'est l'art de la vie, l'art d'apprivoiser le bonheur qui jaillit sur ces murs jaunes. Et chacun y prend ce qu'il a envie de prendre. Une expo qui te donne envie de changer de camp, de basculer dans l'optimisme, lâcher les théories éreintantes, reprendre un journal intime et garder ce sourire aux lèvres. Du moins pendant deux heures. Et c'est déjà une éternité...

Because i'm happy

Expo Happy Show à La Gaîté Lyrique du 28 novembre au 9 mars.

Tag(s) : #Expo, #Chroniques de l'asphalte, #Happy Show, #Gaîté Lyrique, #Stefan Sagmeister
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